Les cafés-restaurants ont été, dans les premiers jours du déconfinement, au coeur des préoccupations de beaucoup d'entre nous tant ils représentent des lieux de convivialité.
le mariage de Madeleine et de Jacques |
Lorsque nous nous sommes installés à Haussonville, cet endroit était très accueillant : nous allions acheter tabac, bière, bonbons en entrant par la petite porte côté rue Haute pour éviter de passer par le bistrot, habitude dont certains Haussonvillois se souviennent encore aujourd'hui. Et en 1981, il servait aussi de cabine téléphonique : Le croirez-vous ? A cette période, il était difficile d'obtenir le téléphone !
C'était le dernier café, mais, à certaines périodes du 19e et du 20e siècle, il y en a eu quatre !
Localisation des auberges et cafés - Cadastre 1894 |
Ce qui corse la difficulté, c'est que le métier de cabaretier, d'aubergiste ou de cafetier n'était pas le seul métier du chef de famille. Il pouvait être aussi agriculteur, vigneron ou épicier.
Ces préliminaires vous permettront de comprendre que des erreurs peuvent exister dans cet historique. De plus, les habitants d'Haussonville ne devaient pas s'attacher aux maisons qu'ils habitaient et saisissaient les opportunités, lorsqu'elles se présentaient, de déménager pour reprendre un commerce existant ou en créer un nouveau dans des locaux plus appropriés ou mieux placés.
L'extrait du cadastre de la fin du 19e siècle vous permettra de localiser -approximativement- les différents établissements. Les noms des rues ont changé au XXe siècle à une date que je n'ai pas encore trouvée.
La Grande Rue actuelle se découpait en trois parties : la rue aux Voies (ou Void), la rue du Four et la rue du Chemin de Bayon.
Rue aux Voies
Le café Maguin/Garnier
En 1872, un buraliste est installé au 15 rue aux Voies, Pierre Maguin marié à Joséphine Collin. En 1911, apparaît un autre Maguin, Charles Maguin, marié à Marie Gesnel, au 11 rue aux Voies. Il est cafetier. Les Maguin sont si nombreux à Haussonville que je n'ai pas réussi à établir le lien de parenté entre Pierre et Charles - Avis aux généalogistes !
Agrandissez l'image : On aperçoit le fléchage du café ! |
Plus gaie cette petite anecdote racontée par Philippe Maurer : Léon était ami de la famille de Gilbert Bauvin, coureur cycliste lorrain renommé. Lors d'une course qui passait rue la route de Nancy à Bayon, les Haussonvillois étaient venus nombreux pour applaudir Gilbert Bauvin qui se serait arrêté pour embrasser son ami. Quel évènement !
Le souvenir de Léon Garnier vendant du poisson qu'il transportait dans une grande charrette est également resté dans les mémoires des Anciens.
Si le café Garnier est encore cité dans l'annuaire en 1955, j'ignore à quel moment il a disparu.
Rue du Four
Le café Collin
Dans le recensement de 1886, Joseph Collin est installé comme cafetier au 8 rue du Point du Jour.
Le café du Progrès - on aperçoit le panneau "Recette" sur la façade du second commerce |
Le café du Progrès à côté de la Mairie |
Le café Benad
Les Bénad étaient installés au 1 rue du Four en 1901. Prosper Bénad était vigneron. Ils étaient voisins de Joseph Collin alors épicier. Félix Bénad, le fils, a sans doute repris le café Collin au 2 rue du Four après leur départ, tout en maintenant l'épicerie.
Si vous vouliez vous rendre à Nancy en autocar en 1926, il y avait un arrêt devant le café Benad à 7 H 05 chaque jeudi et samedi. Vous arriviez à Nancy gare à 8 H 30 ! Ce café avait une salle de bal au 1er étage, comme chez Pernet. En 1934, le café est "correspondant postal". Ils y sont encore en 1936, mais je n'ai pas d'informations sur la date de la disparition de ce café.
Auberge et café Crémel//Pernet
Dans le recensement de 1872, on trouve, au 8 rue du Four, Camille Crémel, veuve Rollin, aubergiste. Son mari est mort en 1872, elle décède en 1873.
J'ignore si une auberge a subsisté à cet endroit entre 1873 et 1883. A cette date de 1883, Joséphine Aubert (veuve d'Hyppolite Xoual décédé en 1880) se remarie avec Armand Pernet : le recensement de 1886 indique qu'ils sont installés comme aubergistes au 7 rue du Four.
L'auberge (puis café) Pernet connaîtra une belle destinée. Les Pernet venaient de Bezange-Grande. En 1894, Armand fera l'acquisition de la maison mitoyenne appartenant au Comte d'Haussonville puis la maison du bout de la rue où ont habité Colette Pernet et son mari Félix Franc jusqu'à leur disparition en 2015.
Armand était maire d'Haussonville en 1910. En 1911, il est toujours aubergiste. Mais je n'ai plus d'informations sur la période 1912-1920 : pas de recensement.
En 1921 Armand et son fils Jules (et leurs familles) semblent habiter la même maison. Armand est dit agriculteur alors que son fils Jules apparaît comme cafetier. Quand ce café a-t-il fermé ses portes ? Je l'ignore mais dans l'annuaire de 1934 aucun Pernet n'apparaît comme aubergiste ou cafetier. Ils sont agriculteurs.
Le Point Central a conservé sa façade |
Le café Pernet a longtemps été habité par Lucienne Blanche Haensler, fille de Jules Pernet, appelée affectueusement "la Lulu" par tout le monde car doyenne d'Haussonville ; elle disparaît en 2018 à près de 101 ans.
Grâce à Michel Demange, il est possible de se retrouver virtuellement dans l'auberge/café de la famille Pernet. Le comptoir du café se situait dans la première salle du rez-de-chaussée lorsqu'on pénétrait, depuis la rue dans l'établissement. Le bistro se trouvait-il en fait au 1er étage, comme il apparaît dans certaines mémoires ou était-ce une salle de restaurant qui desservait les chambres de l'auberge lorsqu'elle était en activité ? Le plus surprenant est sans doute l'accès depuis cet étage, par une passerelle, à la salle de bal située derrière la maison. On dit que la Lulu employait souvent l'expression "pour aller au bal" lorsqu'elle désignait ce passage derrière chez elle. Quelle musique y jouait-on ? Sans doute un Haussonvillois amoureux de l'accordéon animait-il les dimanches.... Sous la salle de bal, se trouvaient poulailler, enclos à cochons, hangar à bois et, dans la cour, le clapier à lapins... Tout l'espace était utilisé pour les besoins de l'auberge et de la famille. |
|
|
|
|
Auberge et café Xoual/ Lecomte
A cette date, il a pour voisin, au 2 rue Haute, toute la famille Bergé/Courrier. A la mort d'Auguste Xoual, Gabrielle Courrier a repris le café avec son mari Alphonse Lecomte, mécanicien.
Les familles Bergé et Lecomte devant le café vers 1932 |
Café Lecomte |
C'est Madeleine, une de leurs filles qui reprendra l'affaire avec son mari Jacques Legros.
Note : Dans un annuaire de 1894, il est fait mention d'un Roch C, cafetier. Le seul Roch que j'ai trouvé à cette date est Roch Désiré, marié à Eloïse Didier ; il est cordonnier au 1 rue Haute. Etait-il aussi cafetier ? pas impossible, c'est peut-être à la mort de Désiré que ce café a pu être repris par Hippolyte Xoual.
Aperçu des 3 cafés de la rue du Four |
Rue du Chemin de Bayon
Le café Gazin
C'est un café découvert dans le recensement de 1896. Il se trouve rue du Chemin de Bayon au 2 ou au 4. Joseph Gazin et sa femme Célestine Henry viennent de Bezange-Grande, comme les Pernet. La mère de Joseph est d'ailleurs une Pernet. Affaires de famille ! Ils restent à Haussonville jusqu'aux environs de 1926 mais ne sont plus cafetiers, et disparaissent ensuite. Ont-ils rejoint leurs enfants installés dans la région parisienne ? C'est un boulanger qui s'installe à cette adresse (famille Loussant) auquel succèdera sans doute la boulangerie Valantin.
Café Gazin (là où se trouve le tas de bois) et le Café Bourdon à droite à l'angle de la rue (on lit enore le mot "café" sur la façade de la maison) |
Rue Devant le Château
Auberge/Café Lap/Bourdon
Cette maison située au 1 rue Devant le Château n'existait pas sur le cadastre napoléonien de 1830.
Des informations tirées des archives cadastrales me conduisent à dire que la maison au 1 rue Devant le Château a due être construite par la famille Lap. Ces mêmes sources indiquent qu'un Lap était aubergiste.
En 1872, Charles Lap est marié à Anne Chata. Il est alors boulanger. Il décède en 1904. La famille n'habite plus à cet endroit en 1906.
En 1921, Joseph Bourdon, sa femme et quatre enfants sont installés dans cette maison. Un annuaire indique qu'il est aubergiste, sans que le recensement le confirme. En 1919, il achète le presbytère voisin, qui appartient à la Commune, pour sa fille Germaine. Dans cet acte de vente, il est dit "cafetier". La famille disparaît des recensements après 1926. Ce café organisait aussi un bal à l'arrière de la maison.
Il y a bien eu un café au 1 rue du Château - mais quel est son nom ? |
Le nombre de cafés s'est accru durant la guerre de 14-18. Les soldats français ont beaucoup cantonné à Haussonville et beaucoup de lieux de consommation sommaires ont ouvert à ce moment-là (avec ou sans licence!) pour répondre à leurs besoins. (Vous pouvez relire mes articles sur la guerre 14-18).
Odile Franc évoque aussi l'occupation par les allemands de certaines salles du café Pernet pendant la guerre 39-45.
_____________________Le café Pernet, le café Bourdon ont laissé des traces qui font toujours plaisir aux amateurs d'histoire. Ce qui est encore plus réjouissant, ce sont les témoignages qui sont encore rapportés aujourd'hui.
J'ai rappelé celui de Philippe Maurer à propos du Café Garnier ; Michel Demange m'a communiqué informations et photos à propos des Cafés Lecomte et Pernet ; Denis Heureaux et Nathalie Poussin se souviennent du passage par la cuisine de Madeleine Legros. Claude Munier m'a raconté les souvenirs que sa mère avait des bals qui se tenaient à l'arrière des Cafés Pernet et Bourdon. Vous en avez d'autres ? Alors j'attends que vous me les contiez pour donner encore plus de vie à ces familles qui ont animé le quotidien du village. Vous pouvez aussi, par vos commentaires, corriger les erreurs que j'ai pu commettre.
Sans doute avez-vous eu du mal à suivre le récit de certaines pérégrinations familiales. J'espère que ce tableau vous aidera à vous y retrouver. Il a été établi grâce aux annuaires communiqués par Fabrice Bertapelle.
Je ne suis pas native d'Haussonville, mais je ne peux m'empêcher d'avoir un peu de nostalgie pour cette époque où les cafés étaient là pour divertir les habitants et accueillir les nouveaux habitants et les gens de passage.
Sources :
Recensements en ligne - Archives de Meurthe-et-Moselle
Annuaires - merci à M. Bertapelle pour son aide
Les informations et photos de M. Demange, Ph. Maurer, et les anecdotes de D. Heureaux, N. Poussin, C. Munier et O. Franc
L'ouvrage de généalogie "Les familles d'Haussonville"
Avec une pensée émue pour Colette Pernet/Franc qui m'a souvent accueillie pour me parler de l'histoire du village.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire