Ce blog a pour vocation l'histoire d'Haussonville, de ses seigneurs et de son village. Des petits bouts d'histoire grappillés ici et là en fonction de mes découvertes et de la documentation que j'aurai pu assembler.

Rendez-vous également sur le blog : en passant par haussonville qui présente des articles sur Haussonville aujourd'hui et sur son territoire.

dimanche 26 juillet 2020

Le village en quelques mots



Pour une découverte rapide du village d'Haussonville entre 1178 et 1802, je vous invite à lire ce qu'en dit Henri Lepage (1814-1887), archiviste et historien de la Lorraine.






Pour lire cette étude plus aisément, retrouvez l'ouvrage d'Henri Lepage ICI. En entrant le mot-clé "Haussonville" vous découvrirez quelques seigneuries possédées -en tout ou partie- par la famille d'Haussonville dans les communes de la Meurthe faisant l'objet de ce premier tome.
Vous pourrez faire les mêmes déambulations dans son volume 2.

mardi 14 juillet 2020

Les cafés et auberges depuis 1872


Les cafés-restaurants ont été,  dans les premiers jours du déconfinement, au coeur des préoccupations de beaucoup d'entre nous tant ils représentent des lieux de convivialité.

le mariage de Madeleine et de Jacques

le village d'Haussonville s'est habitué depuis quelques décennies à la disparition de son bistrot de campagne. Le dernier, le Café Lecomte/Legros, situé au 15 Grande Rue, a fermé ses portes après le décès de sa propriétaire, Madeleine Legros, le 21 juillet 1986. Son mari, Jacques Legros est resté sur place pendant quelques années. Il montrait volontiers la salle de café qui est restée dans son jus, avec son comptoir, jusqu'à la  vente de la maison. Il a sans doute quitté Haussonville  pour s'installer avec des membres de sa famille (à Crevéchamps ?) quelques années avant sa mort survenue en 1999. Il avait été militaire, comme le rappellent la photo de leur mariage et les plaques funéraires qui sont sur leur tombe.

Lorsque nous nous sommes installés à Haussonville, cet endroit était très accueillant : nous allions acheter tabac, bière, bonbons en entrant par la petite porte côté rue Haute pour éviter de passer par le bistrot,  habitude dont certains Haussonvillois se souviennent encore aujourd'hui. Et en 1981, il servait aussi de cabine téléphonique : Le croirez-vous ? A cette période, il était difficile d'obtenir le téléphone !

C'était le dernier café, mais, à certaines périodes du 19e et du 20e siècle, il y en a eu quatre !

Localisation des auberges
et cafés - Cadastre 1894
Je vais tenter de retrouver une petite partie de l'histoire de ces établissements en m'appuyant essentiellement sur les recensements consultables en ligne sur le site des Archives de Meurthe-et-Moselle pour la période de 1872 à 1936. Les informations sont cependant très partielles car les recensements se font normalement tous les cinq ans ;  cependant certaines années sont absentes  et ils s'interrompent pendant les périodes de guerre, la numérotation des maisons est parfois difficile à suivre d'un recensement au suivant. L'absence d'autres sources que les recensements rend incertaine l'histoire de ces établissements entre deux recensements.

Ce qui corse la difficulté, c'est que le métier de cabaretier, d'aubergiste ou de cafetier n'était pas le seul  métier du chef de famille. Il pouvait être aussi agriculteur, vigneron ou épicier.

Ces préliminaires vous permettront de comprendre que des erreurs peuvent exister dans cet historique. De plus, les habitants d'Haussonville ne devaient pas s'attacher aux maisons qu'ils habitaient et saisissaient les opportunités, lorsqu'elles se présentaient, de déménager pour reprendre un commerce existant ou en créer un nouveau dans des locaux plus appropriés ou mieux placés.


L'extrait du cadastre de la fin du 19e siècle vous permettra de localiser -approximativement- les différents établissements. Les noms des rues ont changé au XXe siècle à une date que je n'ai pas encore trouvée.

La Grande Rue actuelle se découpait en trois parties : la rue aux Voies (ou Void), la rue du Four et la rue du Chemin de Bayon.


Rue aux Voies
 


Le café Maguin/Garnier 


En 1872,  un buraliste est installé au 15 rue aux Voies, Pierre Maguin marié à Joséphine Collin. En 1911, apparaît un autre Maguin, Charles Maguin, marié à Marie Gesnel,  au 11 rue aux Voies. Il est cafetier. Les Maguin sont si nombreux à Haussonville que je n'ai pas réussi à établir le lien de parenté entre Pierre et Charles - Avis aux généalogistes !

Agrandissez l'image : On aperçoit le fléchage du café ! 
Puis, plus de trace de café jusqu'en 1926.  A cette période, au 11 rue au Void, se trouve, tenant un café, Léon Garnier marié à Marie Berg. Léon était aussi le  garde champêtre d'Haussonville qu'on aperçoit sur la carte postale que j'ai déjà présentée. Ils perdront leurs deux fils  à la guerre de 1940-1944. (Cf monument aux morts d'Haussonville).

Plus gaie cette petite anecdote racontée par Philippe Maurer : Léon était ami de la famille de Gilbert Bauvin, coureur cycliste lorrain renommé. Lors d'une course qui passait rue la route de Nancy à Bayon, les Haussonvillois étaient venus nombreux pour applaudir Gilbert Bauvin qui se serait arrêté pour embrasser son ami. Quel évènement  !

Le souvenir de Léon Garnier vendant du poisson qu'il transportait dans une grande charrette est également resté dans les mémoires des Anciens.

Si le café Garnier est encore cité dans l'annuaire en 1955, j'ignore à quel moment il a disparu.


Rue du Four 


Le café Collin


Dans le recensement de 1886, Joseph Collin est installé comme cafetier au 8 rue du Point du Jour.
Le café du Progrès -
on aperçoit le panneau "Recette"
sur la façade du second commerce
Joseph, originaire de Méhoncourt,  et sa femme  Félicie Carat, ont quitté la rue du Point du Jour avant 1896 pour s'installer avec belle-mère et enfants -deux garçons- au 7 rue du Four ; ils ne sont plus cafetiers, mais épiciers. Joseph est maire d'Haussonville en 1896. Ils vont perdre leur fils Robert à 7 ans. On les retrouve en 1906 au  2 rue du Four  comme épiciers et en 1911,  ils y habitent avec leur fils René et sa femme (Gabrielle Philippon) qui exploitent une auberge. Malheureusement, René est tué le 11 septembre 1914 : "mort pour la France" (cf monument aux morts d'Haussonville). Son père Joseph décède la même année à Nancy et les recensements ultérieurs ne font plus mention de cette famille à Haussonville.
Le café du Progrès à côté de la Mairie






Le café Benad


Les Bénad étaient installés au 1 rue du Four en 1901. Prosper Bénad était vigneron. Ils étaient voisins de Joseph Collin alors épicier.   Félix Bénad, le fils,  a sans doute repris le café Collin au 2 rue du Four après leur départ, tout en maintenant l'épicerie.

Si vous vouliez vous rendre à Nancy en autocar en 1926, il y avait un arrêt devant le café Benad à 7 H 05 chaque jeudi et samedi. Vous arriviez à Nancy  gare à 8 H 30 ! Ce café avait une salle de bal au 1er étage, comme chez Pernet. En 1934, le café est "correspondant postal". Ils y sont encore en 1936, mais je n'ai pas d'informations sur la date de la disparition de ce café.


Auberge et café Crémel//Pernet


Dans le recensement de 1872, on trouve, au 8 rue du Four, Camille Crémel, veuve Rollin, aubergiste. Son mari est mort en 1872, elle décède en 1873.

J'ignore si une auberge a subsisté à cet endroit entre 1873 et 1883. A cette date de 1883, Joséphine Aubert (veuve d'Hyppolite Xoual décédé en 1880) se remarie avec Armand Pernet : le recensement de 1886 indique qu'ils sont installés comme aubergistes au 7 rue du Four.

L'auberge (puis café) Pernet connaîtra une belle destinée. Les Pernet venaient de Bezange-Grande. En 1894, Armand fera l'acquisition de la maison mitoyenne appartenant au Comte d'Haussonville puis la maison du bout de la rue où ont habité Colette Pernet et son mari Félix Franc jusqu'à leur disparition en 2015.

Armand était maire d'Haussonville en 1910. En 1911, il est toujours aubergiste. Mais je n'ai plus d'informations sur la période 1912-1920 : pas de recensement.

En 1921 Armand et son fils Jules (et leurs familles) semblent habiter la même maison. Armand est dit agriculteur alors que son fils Jules apparaît comme cafetier. Quand ce café a-t-il fermé ses portes ? Je l'ignore mais dans l'annuaire de 1934 aucun Pernet n'apparaît comme aubergiste ou cafetier. Ils sont agriculteurs.

Le Point Central a conservé sa façade 
La tombe familiale permet de savoir que la femme d'Armand, Joséphine, est décédée en 1928 ; Armand vivait toujours chez son fils Jules en 1936 : il avait 92 ans. Quant à Jules, il  décède en 1964.

Le café Pernet a longtemps été habité par Lucienne Blanche Haensler, fille de Jules Pernet,  appelée affectueusement "la Lulu" par tout le monde car doyenne d'Haussonville ; elle disparaît  en 2018 à  près de 101 ans.



Grâce à Michel Demange, il est possible de se retrouver virtuellement dans l'auberge/café de la famille Pernet. Le comptoir du café se situait dans la première salle  du rez-de-chaussée lorsqu'on pénétrait, depuis la rue dans l'établissement. Le bistro se trouvait-il en fait au 1er étage, comme il apparaît dans certaines mémoires ou était-ce une salle de restaurant qui desservait les chambres de l'auberge lorsqu'elle était en activité ? Le plus surprenant est sans doute l'accès depuis cet étage, par une passerelle,  à la salle de bal située derrière la maison. On dit que la Lulu employait souvent l'expression "pour aller au bal" lorsqu'elle désignait ce passage derrière chez elle. Quelle musique y jouait-on ? Sans doute un Haussonvillois amoureux de l'accordéon animait-il les dimanches....
Sous la  salle de bal, se trouvaient poulailler, enclos à cochons, hangar à bois et, dans la cour, le clapier à lapins... Tout l'espace était utilisé pour les besoins de l'auberge et de la famille.
la salle de bal vue de l'arrière
photos M. Demange

La passerelle d'accès
 (Avant, elle avait des garde-corps !)

La salle de bal vue côté cour





Auberge et café Xoual/ Lecomte


En 1896, Auguste Xoual, marié à Marie Rolin et cousin par alliance de Joséphine Pernet, se trouve aubergiste 1 rue Haute ; je le retrouve en 1906 aubergiste au 11 rue du Four et en 1911, cafetier au 9 rue du Four. De quoi perdre le nord ! En fait, il semble bien que c'est la même adresse. La petite porte sur Haute et l'entrée officielle rue du Four (Grande Rue) ont perturbé les agents recenseurs (et moi aussi dans ma rédaction provisoire)Auguste décède en 1921.

A cette date, il a pour voisin, au 2 rue Haute, toute la famille Bergé/Courrier. A la mort d'Auguste Xoual,  Gabrielle Courrier a repris le café avec son mari Alphonse Lecomte, mécanicien.
Les familles Bergé et Lecomte
devant le café
vers 1932 
Café Lecomte


 C'est Madeleine, une de leurs filles qui reprendra l'affaire avec son mari Jacques Legros.

Note : Dans un annuaire de 1894, il est fait mention d'un Roch C, cafetier. Le seul Roch que j'ai trouvé à cette date est Roch Désiré, marié à Eloïse Didier ; il est cordonnier au 1 rue Haute. Etait-il aussi cafetier ? pas impossible, c'est peut-être à la mort de Désiré que ce café a pu être repris par Hippolyte Xoual.



Aperçu des 3 cafés de la rue du Four


Rue du Chemin de Bayon

Le café Gazin


C'est un café découvert dans le recensement de 1896. Il se trouve rue du Chemin de Bayon au 2 ou au 4. Joseph Gazin et sa femme Célestine Henry viennent de Bezange-Grande, comme les Pernet. La mère de Joseph est d'ailleurs une Pernet. Affaires de famille ! Ils restent à Haussonville jusqu'aux environs de 1926 mais ne sont plus cafetiers, et disparaissent ensuite. Ont-ils rejoint leurs enfants installés dans la région parisienne ? C'est un boulanger qui s'installe à cette adresse (famille Loussant) auquel succèdera sans doute la boulangerie Valantin.


Café Gazin (là où se trouve le tas de bois)
 et le Café Bourdon  à droite  à l'angle de la rue
 (on lit enore le mot "café" sur la façade de la maison)


Rue Devant le Château



Auberge/Café Lap/Bourdon


Cette maison située au 1 rue Devant le Château  n'existait pas sur le cadastre napoléonien de 1830.

Des informations tirées des archives cadastrales me conduisent à dire que la maison au 1 rue Devant le Château a due être construite par la famille Lap. Ces mêmes sources indiquent qu'un Lap était aubergiste.


En 1872, Charles Lap est marié à Anne Chata. Il est alors boulanger. Il décède en 1904. La famille n'habite plus à cet endroit en 1906.


En 1921, Joseph Bourdon, sa femme et quatre enfants sont installés dans cette maison. Un annuaire indique qu'il est aubergiste, sans que le recensement le confirme. En 1919, il achète le presbytère voisin, qui appartient à la Commune, pour sa fille Germaine. Dans cet acte de vente, il est dit "cafetier". La famille disparaît des recensements après 1926. Ce café organisait aussi un bal à l'arrière de la maison.



Il y a bien eu un café au 1 rue du Château - mais quel est son nom ?


Le nombre de cafés s'est accru durant la guerre de 14-18. Les soldats  français ont beaucoup cantonné à Haussonville et beaucoup de lieux de consommation sommaires ont ouvert à ce moment-là (avec ou sans licence!) pour répondre à leurs besoins. (Vous pouvez relire mes articles sur la guerre 14-18).

Odile Franc évoque aussi l'occupation par les allemands de certaines salles du café Pernet pendant la guerre 39-45.
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Le café Pernet, le café Bourdon ont laissé des traces qui font toujours plaisir aux amateurs d'histoire. Ce qui est encore plus réjouissant, ce sont les témoignages qui sont encore rapportés aujourd'hui.

J'ai rappelé celui de Philippe Maurer à propos du Café Garnier ; Michel Demange m'a communiqué informations et photos à propos des Cafés Lecomte et Pernet ; Denis Heureaux et Nathalie Poussin  se souviennent du passage par la cuisine de Madeleine Legros. Claude Munier m'a raconté les souvenirs que sa mère avait des bals qui se tenaient à l'arrière des Cafés Pernet et Bourdon. Vous en avez d'autres ? Alors j'attends que vous me les contiez pour donner encore plus de vie à ces familles qui ont animé le quotidien du village. Vous pouvez aussi, par vos commentaires, corriger les erreurs que j'ai pu commettre.

Sans doute avez-vous eu du mal à suivre le récit de certaines pérégrinations familiales. J'espère que ce tableau vous aidera à vous y retrouver. Il a été établi grâce aux annuaires communiqués par Fabrice Bertapelle.





Je ne suis pas native d'Haussonville, mais je ne peux m'empêcher d'avoir un peu de nostalgie pour cette époque où les cafés étaient là pour divertir les habitants et accueillir les nouveaux habitants et les gens de passage.



Sources :
Recensements en ligne - Archives de Meurthe-et-Moselle
Annuaires - merci à M. Bertapelle pour son aide
Les informations et photos de M. Demange, Ph. Maurer,  et les anecdotes de D. Heureaux, N. Poussin, C. Munier et O. Franc
L'ouvrage de généalogie "Les familles d'Haussonville"
Avec une pensée émue pour Colette Pernet/Franc qui m'a souvent accueillie pour me parler de l'histoire du village.







































lundi 13 juillet 2020

1906 - l'Affaire d'Haussonville


1906 : Les inventaires des biens des églises doivent être dressés en application de la loi de séparation des Eglises et de l'Etat adoptée le 9 décembre 1905. Cela ne va pas se faire sans résistance...

la suite à lire ici